Être jeune et homosexuel
Des victimes de plus en plus jeunes
Là où les associations ont le plus de difficultés, ce sont dans les collèges. L'innoncence des jeunes les rend fragiles et vulnérables. La période du collège est la plus difficile de l'adolescence. Elle est souvent associée au harcèlement et à l'intimidation. Au collège, les élèves sont beaucoup plus sévères face à un comportement différent. Ils vont s'attaquer à un garçon qui s'habille de manière plus efféminée sans qu'il soit gay pour autant. Souvent peu soutenus par leurs établissements et honteux de demander de l'aide à leurs parents, les homosexuels sont les victimes les plus touchées.
La plupart des adolescents homosexuels ayant un âge compris entre 12 et 15 ans font face à un autre problème que celui de l'homophobie: l'acceptation de soit et le rejet potentiel des parents.
12-15 ans : la période du collège puis du lycée. La période, souvent, où l’on vit ses premières "vraies" histoires d’amour. La période, parfois, où l’on se découvre une attirance vers des personnes de même sexe, comme le révèle une enquête menée par l’association Le Refuge (1). Mais la période, aussi, où a lieu la majorité des tentatives de suicides chez les ados homosexuels. L’attention de tous s’impose pour que ceux-ci vivent mieux leur adolescence. Notamment au lycée où les insultes homophobes ont pignon sur cour.
Les tentatives de suicides sont plus nombreuses chez les ados homosexuels. // © Photo fournie par le témoin
"PD, enculé, tarlouze, gouine,… Quand on est homosexuel, ces insultes sont très blessantes et dévalorisantes", assure Michaël Bouvard membre du bureau de SOS Homophobie, association qui intervient notamment dans les établissements scolaires. Le problème est que ces injures sont utilisées comme n’importe quelle grossièreté. Un détail pour certains, une souffrance pour d’autres.
La discrimination sur l’orientation sexuelle, comme les propos racistes, est pourtant interdite par la loi. "Lorsque nous intervenons dans les lycées, nous faisons réfléchir les élèves à l’origine et à la gravité des insultes homophobes, qui sont les plus courantes", explique Frédéric Gal, délégué général du Refuge.
Selon Michaël Bouvard, lorsque de telles injures sont prononcées, des adultes devraient réagir, pourfaire réfléchir les élèves à la signification des mots : "Cela permettrait d’isoler celui qui profère les insultes, plutôt que celui qui en est victime." Mais il est difficile de se poser en "Zorro des homos", en relevant une insulte, qui ne choque plus la plupart des gens. La crainte est également grande de susciter un doute sur sa propre orientation sexuelle. En général, personne ne réagit et le sentiment de solitude de l’adolescent homosexuel grandit.
"L’idéal serait que les adultes du lycée interviennent systématiquement lorsqu’ils entendent des propos homophobes", assure le membre de SOS Homophobie, association qui assure la formation des enseignants à ces questions. Souvent, ceux-ci ne savent pas comment réagir. Et c’est à l’occasion d’un événement (harcèlement, agression…) clairement identifié comme un acte homophobe que des chefs d’établissement ou des enseignants contactent des associations de lutte contre l’homophobie pour intervenir dans leur lycée.